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Le coup de sifflet résonne dans mon casque, je dois empêcher l’équipe adverse de passer. À cinq, on devrait y arriver. Je cours les trois mètres qui nous séparent et plaque mes opposants. Le bruit d’impact de nos plastrons et les cris de puissance émis lorsqu’il y a contact sont vivaces. Je sais que je dois retenir mes adversaires le plus longtemps possible avant que la passe soit effectuée. Je vois le ballon qui passe deux mètres au-dessus de nos têtes.
Le mur de joueurs se défait, l’équipe adverse doit faire demi-tour pour tenter d’attraper le joueur de mon équipe qui a maintenant le ballon. Notre équipe n’a qu’à le suivre et empêcher les adversaires de le rattraper. En tentant de bloquer un des rivaux, mon dos se fige. Mes coéquipiers savent exactement ce qui se passe, mais la pratique continue. Je dois arrêter et aller me reposer un peu. Le coach s’approche, son sifflet autour du cou.
Coach: Tu sais gamin, les douleurs comme ça, il faut y faire attention, généralement, c’est ton corps qui veut te faire passer un message.
Sam: Je sais bien Coach, mais je refuse de perdre la bourse à cause de ça.
Coach: Tu vas perdre bien plus qu’une bourse si tu ne prend pas soin de toi. Allez, va prendre une douche et va te reposer chez toi. On va voir comment ça ira demain.
Sam: D’accord Coach. Merci.
Je me lève et me dirige au vestiaire, avec un air pitoyable et défait sur mon visage. J’entends le coup de sifflet du coach qui hurle de réessayer. Je vais à mon casier et commence à retirer lentement mon plastron et puis mes jambières; c’est difficile avec le dos à moitié bloqué au niveau des omoplates. Au bout d’une dizaine de minutes, je finis par entrer sous la douche. Mes omoplates me piquent soudainement le dos, comme si plusieurs aiguilles tentaient de sortir de mon dos. Je met mon dos contre mur et essaie de me gratter tel un ours. Si quelqu’un me voit faire ça, ma réputation est foutue.
Lorsque les douleurs et démangeaisons finissent enfin, je peux enfin me laver normalement. Par le temps que je termine de me sécher, mes coéquipiers eurent fini l’entraînement. Je m’habille en les regardant.
Helix: Peut-être un autre fois mon pote.
Sam: Je l’espère bien.
Devon: Tu as été voir le médecin?
Sam: Ouais, mais les scans et les radios ne montrent rien d’anormal. Enfin, il pense que mes omoplates sont plus grosses que la moyenne, mais ça ne devrait pas causer de douleurs ou de démangeaisons.
Helix: Tu sais la puberté, ça change un homme!
Sam: À 20 ans, la puberté est pas mal terminée, surtout au niveau de la croissance des os.
Devon: Tu devrais prendre quelques jours de repos.
Sam: Ouais, je sais pas encore.
Je fini de mettre mon chandail et pris mon sac.
Sam: Bon, à demain les gars.
Helix: À demain, mec!
Devon: Ouais, oublie pas le devoir de chimie.
Sam: Merde! C’est vrai! Bon, j’y vais tout de suite.
Je sors du vestiaire et pars en direction de chez moi. J’arrive à l’arrêt d’autobus et naturellement, je viens tout juste de te le manquer. Le prochain étant dans 15 minutes je m’assoie et attend sagement le prochain autobus.
Après une trentaine de minutes, j’arrive enfin chez moi. Comme j’ouvre la porte, je remarque une paire de soulier qui m’est inconnue. On a un invité à la maison? Je retire mes souliers et puis je m’avance dans la cuisine, j’entends une voix d’un homme qui m’est inconnu en plus de celle de ma mère. J’entre dans la cuisine et j’aperçois un homme, pantalon propre, chemise, chevelure blonde et ébouriffée. Qui est ce type?
Sam: Maman, qui est ce monsieur?
Ma mère: Oh! Bonjour mon grand, l’entraînement c’est bien passé?
Sam: Ouais.
L’homme se lève en replaçant sa chemise et se tourne vers moi. Il tend sa main vers moi, puis se présente.
Darakei: Bonsoir Sam, je me nomme Darakei Drumel, généticien à GenCorp.
Je refuse la poignée de main, le regard un peu méfiant. Au moins, ce n’est pas un homme qui veut nous acheter la maison.
Sam: D’accord et vous faites quoi chez nous?
Darakei: J’ai cru comprendre que tu avais des douleurs au dos de manière passagère. J’aurais une explication pour toi.
Sam: Allez-y.
Je croise les bras un peu sceptique.
Darakei: La version courte? Tes gènes se sont réorganisés vers la fin de ta croissance. Les douleurs qui en résultent sont un signe que ton corps à changé.
Sam: Et vous venez faire quoi là dedans.
Darakei: Je suis le fondateur d’un programme qui surveille le genre de mutation que tu subis. Les participants touchent une somme compensatrice qui est versée à un proche ou à lui même.
Sam: Et c’est quoi l’attrape? Il y a toujours une attrape.
Darakei: Tu devras vivre en isolement dans le laboratoire de GenCorp.
Sam: Comment ça? Je ne pourrais plus vivre chez moi?
Darakei: Non, pour des raisons évidentes de sécurité.
Je regarde ma mère, me demandant si elle était déjà au courant de tout ça. Elle ne semblait pas surprise.
Sam: Tu es d’accord avec ça maman?
Ma mère: Tu sais mon grand, j’ai toujours voulu ton bien, savoir que tu fais parti des nouveaux humains me remplie de joie.
Je soupire. J’ignorais que ma mère serait prête à me laisser au premier inconnu. Je serre les poings et me dirige vers ma chambre.
Darakei: 15 000$ par mois, c’est l’argent qui sera versé à toi ou ta mère dépendamment de ton choix.
Sam: Toi ferme-la et sors de chez moi!
Ma mère: Laissez-lui le temps d’y réfléchir, monsieur Drumel.
Alors que je monte les escaliers mon dos se fige, je serre la rampe d’escalier et serre les dents.
Sam: Oh non, pas encore…
Darakei approche, je le regarde du coin de l’oeil.
Sam: Tu me touches et je te donne un coup de pied en pleine figure…
Darakei: Je ne te veux pas de mal, je veux juste savoir où tu as mal.
Sam: Les omoplates… j’ai l’impression qu’un million d’aiguilles essayent de me perforer le dos de l’intérieur.
Darakei: C’est le genre de mutation que je cherche, avec mes soins et ceux de mon équipe, les douleurs au dos vont complètement disparaître.
Ma mère s’approche et me caresse la joue, son sourire disparu.
Ma mère: Je veux ton bien, mon grand. Je souhaite que tu puisses recommencer à performer en sports et en classe.
Sam: Je ne veux pas devenir un rat de laboratoire…
Darakei: Ce ne sera pas le cas, tu pourras contacter ta mère tous les jours si tu le désires.
Sam: Et mes amis?
Darakei: Ils risquent de ne pas comprendre ce qui ce passe.
Sam: Bon, mais lorsque ce sera fini, je veux rentrer chez moi.
Darakei: Promis. Je peux venir vous chercher demain à l’heure qui vous convient.
Sam: Ok.
Il recommence à monter lentement l’escalier pour aller vers ma chambre.