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Je rentre de l’école et lance machinalement mon sac au même endroit qu’à l’habitude. Je me précipite vers ma serre dans le jardin; mon père n’aimait pas l’idée, mais c’est ma mère qui l’a convaincu. Elle arrive toujours à ses fins lorsqu’il s’agit de convaincre mon père.
J’entre dans ma serre et ferme la porte derrière moi. Je souris et commence à faire le tour de mes plantes et à noter mes observations par rapport à ce que j’ai aperçue hier. J’adore observer et m’occuper des plantes. Mon père dit que ça devient une obsession et qu’à mon âge, je devrais m’intéresser aux garçons. Ils m’intéressent, mais pas autant que les plantes, c’est tout.
Je m’approche d’une de mes plantes que je considère comme un hybride à cause de sa propriété à se développer dans la serre alors que l’humidité n’est pas du tout appropriée pour ce type de plantes. Je remarque que les bulbes de la plante ont grossis en une journée; elle devrait relâcher ses spores sous peu. J’approche un peu ma main d’une des feuilles pour observer la couleur. Une sorte de bruit sourd résonne et les bulbes se places brusquement devant mon visage. Je recule au plus vite et vois les bulbes qui relâchent leurs spores. D’un coup de main, j’essaie de faire changer leur trajectoires pour ne pas qu’ils atteignent mon visage.
L’instant d’après les spores se posent au sol; je les ai évités. Je trouve ça très étrange. Normalement, j’aurais dû les recevoir en plein visage. J’observe la plante avec un peu plus de distance et m’approche d’une fleur un peu plus loin. Je sens une sorte de connexion. Je tends ma main vers une fleur et la fait éclore. Je regarde ma main puis je ferme les yeux. Je discerne toutes les plantes qui m’entourent et je ressens qu’une des plantes que j’ai arrosées plus tôt a encore besoin d’eau. Je vais lui en donner en souriant. Je termine mes vérifications et rentre chez moi.
Ma mère avait terminé de préparer le souper. Je l’aide donc à placer la table et servir les portions.
Ma mère: Comment s’est passée ta journée ma puce?
Gaïa: Longue et ennuyante, comme la plupart des jours d’école.
Ma mère: Tu verras lorsque tu auras découvert la branche professionnelle qui saura te plaire. Le temps te semblera filer à toute vitesse.
Gaïa: J’adore la botanique, mais il n’y a pas de cours qui se donnent ici.
Ma mère me sourit, elle cachait quelque chose.
Gaïa: Quoi maman? Qu’est-ce qu’il y a.
Ma mère: On en parlera pendant le souper.
Gaïa: Ah? D’accord.
On fini de servir les portions.
Gaïa: Papa! Viens manger!
Mon père finit par arriver et s’assied à la même place que d’habitude. En fait, on s’assoit tous à notre place habituelle, comme la plupart des familles qui mangent ensemble pour souper.
Gaïa: Alors papa, comment s’est passée ta journée?
Mon père: Des clients qui ne savent pas ce qu’ils veulent et me font perdre mon temps. Au moins, certains connaissent ce qu’ils cherchent.
Ma mère: Roh chéri, tu pourrais être plus positif.
Mon père: Il y a une différence entre le positivisme et le réalisme, ma chérie.
Je souris un peu, je trouve mon père drôle lorsqu’il sort ce genre de termes. Je vois que mon père me regarde et me fait un clin d’oeil. Ma mère sourit doucement, elle est toujours un peu désorientée lorsque mon père fait ces remarques. On continue de manger et mon père regarde ma mère.
Mon père: Et toi ma chérie, ta journée c’est bien passée?
Ma mère: Très bien, ma patronne était absente aujourd’hui alors j’ai pu avancer dans les projets que je n’ai pas eu le temps de finaliser hier.
Mon père: Tu vois, toi aussi tu es réaliste dans tes propos.
Ma mère: Oh, chéri, souhaites-tu qu’on lui parle de ce que nous avons prévus?
Mon père: Oui, tu peux y aller.
Ma mère: Nous avons économisé pour que tu puisses aller en campus dans la ville voisine.
Gaïa: Ah bon?
Je souris, mes parents n’ont pas fait ça sérieusement?
Ma mère: Oui, tu vas pouvoir étudier la botanique comme tu en rêves depuis des années.
Gaïa: Vous êtes les meilleurs parents du monde!
Je me lève et va embrasser mes parents. Ma mère me sourit et mon père aussi, ils semblent contents de ma réaction. Après le repas, je fais la vaisselle pendant que ma mère s’installe au salon pour regarder ses émissions. Mon père, lui, va dans son bureau et s’attarde à ses occupations afin de vendre des voitures. Quant à moi, je retourne dans ma chambre et m’approche de ma fleur favorite. Je lui donne la quantité d’eau nécessaire et souris en la voyant bouger délicatement sous l’eau qui l’arrose. Je suis émerveillée d’assister à un tel phénomène.
Soudainement, je sens que la fleur communique avec moi. Je ressens qu’elle souhaite que j’ajoute des nutriments à son pot de terre. Quelques secondes plus tard, je constate que je peux voir l’énergie qui circule dans les fibres de la plante. Je commence un peu à m’inquiéter, comment se fait-il que j’arrive à avoir conscience de ces choses? Je ferme et ouvre les yeux pour savoir si c’est mon imagination qui me joue des tours. Non, les fibres d’énergie sont encore là. Je sors de ma chambre et me dirige vers ma serre. En chemin, le même phénomène se reproduit sur la plante du corridor puis le gazon lorsque je sors dans la cour. J’entre dans ma serre et j’expérimente la même chose. Mille et une plantes qui émanent de l'énergie. Je sors mon cellulaire et prends plusieurs photos. Je les regarde, elles sont normales. C’est vraiment moi qui voit les plantes de la sorte.
Après un certain temps, je ne sais plus quoi faire. J’aimerais voir normalement, cela devient épuisant de voir toutes ses fibres d’énergie. Un peu plus tard, mes yeux recommencent enfin à voir normalement. Je retourne dans ma chambre et m’assied sur mon lit. Je soupire doucement. Qu’est-ce qui ce passe avec moi? Comment j'arrive à faire ça? Après quelques minutes, je me lève, prend mon pyjama et va me doucher avant d’aller au lit. La nuit porte conseil comme ma mère me dit souvent.