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Enfin Venaol, la fin de semaine est à nos portes. Je quitte l’école et nous sommes une foule à nous diriger vers l’arrêt où les trois autobus vont nous reconduire à des destinations différentes. J’embarque dans celui qui va au sud de la ville. Je regarde les places assises dans l’autobus; elles sont déjà toutes prises. Le bus se remplit rapidement et le mieux est toujours de s’asseoir, mais beaucoup sont plus rapides et plus costaud que moi. Je fais pâle copie avec mon poids frêle. Après le 30 minutes habituel, l’autobus commence à se vider. Il me reste encore un 15 minutes à endurer ça, et je pourrai enfin être assis.
J’arrive enfin chez moi et je vais directement dans ma chambre afin d’éviter mes parents et leurs questions sur ma journée. Je déteste devoir leur faire part de ma journée. J’ai l’impression que je dois fournir un rapport sur chaque heure qui s’est passée. Je ferme ma porte de chambre et j’entends ma petite soeur taper sur ma porte.
Ma soeur: Où est-ce que tu as mis ma poupée!
Kellan: Je n’y ai pas touché à ta poupée, j’ai mieux à faire!
Ma soeur: Menteur! Donne-moi ma poupée!
Elle commence à frapper sur ma porte. Je soupire, une gamine de 11 ans, c’est pénible avec les 7 ans d’écart. J’entends mon père qui approche.
Mon père: Kellan, où as-tu mis sa poupée?
Kellan: Je n’y ai pas touché à sa foutue poupée! Laissez-moi tranquille!
Mon père: Ouvre la porte.
Je me lève de mon lit et va ouvrir la porte. Ma petite soeur me pousse pour entrer et commence à fouiller dans mes choses.
Kellan: Je t’ai dit de ne pas toucher à mes choses et de me laisser tranquille. Tu as sûrement perdu ta poupée quelque part dans la maison.
Mon père: Ophélia aller, laisse ton frère tranquille.
Ma soeur revient auprès de mon père et passe ses bras autour de la jambe de mon père puis, me regarde et tire la langue. Je soupire et roule des yeux. Mon père me regarde.
Mon père: Le repas est prêt dans 10 minutes, tu vas manger avec nous j’espère.
Kellan: Mouais.
Mon père: Et laisse cette foutue porte ouverte ou je l’enlève encore.
Kellan: Ouais ouais…
Mon père part avec ma soeur qui continue de crier que j’ai sa poupée. Je soupire et ferme ma porte suffisamment pour que mon lit ne soit pas visible. Je vais m’asseoir à la chaise de mon bureau et allume mon ordinateur. Je consulte les choses que je trouve intéressantes sur les réseaux sociaux mais il n’y a rien de bien intéressant. Des gens qui publient des photos de leurs animaux de compagnie, des gens qui se plaignent de tout et de rien en même temps, d'autres qui écrivent des messages sur la politique du pays. Vraiment, juste des trucs à mourir d’ennui. Je regarde mon sac et l’ouvre pour prendre mes devoirs. Si je ne le fais pas maintenant, je n’aurais pas le temps de les faires plus tard.
Je fais donc mes devoirs sur le cours de langues parlée et écrite et ceux de mathématique. Les autres cours ne sont pas si importants. Donc les devoirs sont impératifs à ce que j’obtienne la note de passage.
Ma mère finit par entrer dans ma chambre, en furie. Bon, qu’est-ce que je n’ai pas encore fait ou fait de travers?
Ma mère: Ça doit faire 20 fois qu’on t’appelle, le souper est prêt.
Kellan: Ok, j’arrive.
Je me lève de ma chaise. Ma mère n’a même pas pris la peine de crier mon nom, j’en suis sûr. Elle se dirige vers la cuisine, je flâne un peu derrière. En arrivant dans la cuisine, je constate que ma soeur a sa poupée dans les mains et la garde contre elle. Elle me lance son fameux regard du genre «je vais te foutre mon poing dans la figure». Au fait, le médecin a dit que les gens devaient éviter de me frapper, à cause de mes os fragiles. J’ai déjà passé un mois avec un plâtre parce qu’une brute de l’école a décidé qu’il voulait me cogner. Je m’assois à ma place habituelle et ma mère pose mon assiette devant moi.
Kellan: Oh, je sors ce soir, après avoir fait mes devoirs.
Ma mère: Tu vas où?
Kellan: Je sais pas, me promener probablement.
Mon père: C’est clair qu’il ne va pas rencontrer une fille.
Ma mère: Non, ça c’est clair.
Kellan: Merci de votre soutien.
Mon père: Mais tu vas aller faire quoi?
Kellan: Je vais aller me promener je vous dis.
Mes parents ne me croient pas; j’aurais eu plus de chance si je leur avais dit un mensonge.
Kellan: C’est bon, je vais aller fumer avec des gens au parc.
Mon père: Je le savais que tu mentais!
Ma mère: On t’a déjà dit qu’il ne fallait pas fumer, tu vas rester ici ce soir.
Kellan: Non, j’ai dit que je sortais alors je vais sortir.
Ma mère: Et moi j’ai dit que tu restes ici.
Je soupire et finis de manger en vitesse pour éviter d’avoir à souffrir ce genre de discussion encore longtemps. Je rincer mon assiette sous le regard d’inquisitrice de ma mère et puis retourne dans ma chambre. Je dois au moins terminer mes devoirs avant de sortir.
Je finis donc mes devoirs et les range assez haut sur mon étagère pour ne pas que ma soeur puisse les prendre et faire des dessins sur les feuilles. Après cela, je prends mon portefeuille et mes clés pour me diriger vers la porte. J’ai moins de 30 secondes pour mettre mes souliers avant que mes parents réagissent. Je me lance, j’arrive à côté de la porte et mets mes souliers rapidement. Je prends ma veste sans la mettre et ma mère commence son appel. Je me dépêche à fermer la porte sans bruit et commence à courir vers le parc.
Une fois au parc, je trouve un banc sur lequel je vais m’asseoir et souffler de ma semaine. Je regarde les gens qui passent, ceux qui promènent leur chien, ceux qui passent à vélo, d’autre qui font leur jogging. Je suis dispensé de sport à cause de mon problème d’os. Je soupire en voyant une famille arriver avec les deux parents et leurs deux enfants. Je me demande pourquoi ils ont l’air heureux et ce que mes parents ont fait de mal pour que l’on arrive à peine à se parler sans se crier. Le temps passe et mes réflexions aussi. Il commence à se faire tard, je devrais rentrer, mais je n’en ai pas envie. J’ai envie de rester dehors, loin de mes parents et de ma peste de petite soeur.
Vers 21:00, je commence à me sentir bizarre. Il y a moins de gens dans le parc et à vrai dire, presque personne. Je mets ma veste pensant que ce n’est qu’un coup de froid. J’essaie de me réchauffer, mais je me rends rapidement compte que je n’ai pas froid et que c’est autre chose. Je ferme les yeux et me tords de douleur, une crampe au ventre, une crampe vraiment intense, qui me donne à la limite envie de crier.
J’essaie de me calmer mais je sens mon chandail devenir serré, ainsi que mon jeans. Je ressens une atroce douleur dans tous les muscles de mon corps; j’ignorais que j’avais autant de muscles. Je ne sais pas ce qui se passe avec moi, mais j’ai terriblement mal. Je commence à crier et mon chandail se déchire puis ma veste aussi quelques secondes après. Mes souliers se brisent et mon jeans également. J’ai tellement mal, qu’est-ce qui se passe avec moi? Je sens mes muscles grossir et mes os se durcir, comme si mon corps rattrapait enfin toutes ses années où j’étais maigre et fragile. La douleur se calme enfin, j’ouvre les yeux et constate que mon corps a complètement changé. Je suis tout à coup très musclé et je me sens géant. Qu’est-ce qui m’est arrivé?